Afscet café du 17 octobre 2001

    Nous étions six, Bernard B., Danièle S., Marie-Noëlle S., Paul D., Pierre M., chez François D. à Versailles. Les conversations ont débuté dès 18 heures 30. Tout ce qui est écrit dans ce document n'engage que la responsabilité de l'auteur de ce compte-rendu.

    Nous avons d'abord lu avec intérêt le fichier joint au mail du 12 octobre 2001 de Gaston P. sur le ``Rockfeller Center dans l'angoisse de la maladie du charbon'', et tout particulièrement les notes de pied de page où il exprime ses impressions de new-yorkais.

    Ce contact de l'Afscet café avec la ville de New-York pourrait se poursuivre par la construction d'un lien qu'il nous propose avec Eric ORMSKY, Maison Française of Columbia University, Mel : Maison@columbia.edu. Un texte sur l'Afscet doit être transmis par notre Président Lucien Mehl. Le thème de la régulation (``maintien de l'équilibre d'un système complexe'') et de l'évolution pourrait figurer parmi les sujets de conversations avec Columbia.

    A titre personnel, l'auteur de ce compte-rendu souhaite que l'expérience du 11 septembre telle que vécue depuis Wall Street par Gaston puisse donner lieu à des échanges lors de nos prochaines réunions.

    Un point est fait à l'initiative de Pierre M. pour lister les divers thèmes qui ont été abordés lors des différents 'Afscet cafés' (celui-ci était le 24 ième !) On note les sujets tels que les nanotechnologies, la décision, un philosophe allemand en relation avec Habermas, le projet d'inviter l'économiste A. Sen, l'écriture musicale, le plaisir.

    Lors d'un long entretien très informel sont évoqués entre autres l'origine des talibans, la structure psychique des terroristes ``du type 11 septembre'', les leaders des mouvements révolutionnaires, les sociétés holistes et les deux conceptions du monde en Afrique, entre magie traditionnelle et science occidentale.

    Danièle S. nous fait ensuite un brillant exposé sur la dynamique des cellules cancéreuses, qu'il est impossible de rapporter ici sans trahir son auteur. Elle a décrit son sujet de thèse de philosophie sur ``la mort cellulaire'' (émergence de la vie comme arrêt d'un programme d'autodestruction), sous la direction du Prof. M.L. Pellegrin de l'Université de Lyon. Elle nous a également présenté, dans un vocabulaire accessible aux néophytes du sujet, son programme de recherche sur le cancer du sein. Il faut savoir que onze pour cent des femmes développent un cancer du sein, soit une augmentation de soixante pour cent en vingt ans, et que le risque génétique sur lequel est fondée la dynamique actuelle de la recherche publique sur le sujet, représente seulement cinq pour cent des cas de cancer du sein. Le fait d'avoir des enfants est un facteur régulateur de la croissance des cellules épithéliales (``être enceinte permet une régulation du tissu épithélial''). On estime qu'il faut dix à vingt ans entre la présence d'une cellule qui ne répond plus aux sollicitations de ses voisines et la première détection d'une cellule tumorale. La question ouverte du point de vue du mode de vie (``le psychique peut-il introduire un élément de dérégulation ?'') est de savoir quel peut être le lien entre la cancer du sein et le fait de prendre la pilule.

    Bernard B. mène une réflexion sur l'évolution et les dynamiques d'entreprises. Il s'est intéressé à l'entreprise ``La Chappe'', qui a été implantée à Briançon de 1842 à 1933, et a été la plus importante des Alpes dans les années 1920. L'idée de départ (M. Mathieu à Saint Véran) est de récupérer les des cocons de soie et les revendre à l'industrie textile après les avoir lavés avec le soin qui s'impose. Un financier a vite investi dans cette affaire puis un entrepreneur (Chancel) a pris la leadership et évincé les deux premiers porteurs du projet initial. En 1873, l'entreprise est rachetée par une société suisse, puis par les américains, avant de disparaître lors de la crise économique et l'arrivée des fibres synthétiques. Bernard avait amené un gros livre de notes manuscrites (``c'est un cahier de manips !'') qui s'étalent de 1901 à 1926 (!). Le parallèle est fait avec la disparition de Polaroïd, victime de la photographie numérique et l'édition où seule subsiste Belin, à la suite du rachat de Hatier par Hachette lors d'une succession. Qu'y a-t-il de commun, de différent entre cette histoire et les ``start-up'' d'aujourd'hui ? On peut aussi méditer l'exemple de Péchiney, qui est passé de l'aluminium à l'emballage, avec un glissement vers l'aval qui semble caractériser ces structures ayant connu une forte croissance.

    François D. a distribué un petit document ``A propos de l'évolution'', qui regroupe quelques textes écrits ces dernières années, en posant le problème de l'évolution globale sur des bases peu classiques, comme la mécanique quantique à une échelle macroscopique entre autres. En effet, la matière (fermions, spin demi-entier) et les relations (fermions, spin entier) sont les deux ingrédients ``élémentaires'' du monde tel que le décrit la physique quantique, considérée depuis le milieu du 20 ième siècle comme valable à petite échelle. L'association d'éléments de matière permet de construire des assemblages plus complexes qui peuvent se comporter ensuite comme une ``particule élémentaire'' de type relation (un boson) et la question posée est de savoir quelle est l'incidence à notre échelle (et aux échelles entre plus macroscopiques pour aller jusqu'à la dynamique du ``big bang'') de ces principes et s'il est intellectuellement cohérent de développer une ``vision quantique'' de la sociologie par exemple. Il est commenté que ``c'est très systémique'' et que ``souvent à l'Afscet, on nie l'objet pour ne parler que de relation''. L'idée est de structurer dans les mois prochains des idées encore un peu décousues.

    La séance est levée peu après 23 heures. Prochaine réunion de l'Afscet café : le mercredi 14 novembre chez Pierre Marchand.

    François D., Versailles, 21 octobre 2001, édition août 2002.