ESSAI - Similitudes ou faux-semblants ?

   

    1.       Au début du XVII ème siècle, déjà, St Vincent de Paul avait quelque peu ébranlé la hiérarchie catholique en pensant qu'il fallait d'abord donner à manger aux enfants abandonnés avant de savoir s'ils étaient ou devaient devenir chrétiens. Ce qu'il a fait, l'église n'a pu faire autrement que de le reconnaître.

    2.       Gorz demande (suite à article dans le Monde du 6 janvier 1998) à ce que l'on donne d'abord à tous ceux qui en ont besoin "l'allocation universelle de revenu suffisant" pour que ceux-ci développent un esprit de création qui est l'essence même de la vie. Une vraie profession de foi que ne manquent pas d'accompagner les craintes de voir, selon cette démarche, croître les assistés. Craintes qui pourtant sont faibles devant la pulsion irrésistible des personnes à vouloir créer.

    3.       Dans «Les écrits du temps 8/9 - Construction de la réalité » - p. 45, S. Moscovici a écrit : « ... mon idée n'est pas tout à fait celle d'une construction. C'est plutôt que la pensée est une manière de reprendre la création, et de se re-créer à son tour. Par exemple, de quoi parle-t-on en astronomie ? De quoi parle-t-on en cosmologie ? De quoi parle-t-on à la limite en génétique et de quoi parle-t-on en théorie de l'évolution ? : c'est de phénomènes de création. On dit qu'à un moment donné, des relations dans lesquelles entre un être qui est quand même exceptionnel dans l'univers (l'homme est pour l'instant exceptionnel, tant qu'on ignore s'il y a d'autres univers exceptionnels), créent de nouvelles relations, créent un autre univers ».

    4.       « Il faut apprendre à discerner les chances non réalisées qui sommeillent dans les replis du présent.. Il faut vouloir s'emparer de ces chances, s'emparer de ce qui change. Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'Exode. Il faut ne rien attendre des traitements symptomatiques de la « crise », car il n'y a plus de crise :un nouveau système s'est mis en place qui abolit massivement le « travail ». Il restaure les pires formes de domination, d'asservissement, d'exploitation, en contraignant tous à se battre contre tous pour obtenir ce travail qu'il abolit. Ce n'est pas cette abolition qu'il faut lui reprocher, c'est de prétendre perpétuer comme obligation, comme norme, comme fondement irremplaçable des droits et de la dignité de tous, ce même « travail ».dont il abolit les normes, la dignité et l'accessibilité. Il faut oser vouloir l'Exode de la « société de travail » : elle n'existe plus et ne reviendra pas ... Il faut que le « travail » perde sa centralisé dans la conscience, la pensée, l'imagination de tous : il faut apprendre à porter sur lui un regard différent, ne plus le penser comme ce qu'on a ou ce qu'on a pas, mais comme ce que nous faisons. Il faut oser vouloir nous réapproprier le travail ». (A. Gorz - 1997)

    5.       Peut-être doit-on repenser ce « travail » que l'on propose aux prisonniers, comme salutaire, éducateur, voire rédempteur et chercher les conditions, durant cette détention, qui leur permettent de se re-créer fut-ce avec un astucieux mode de travail-créateur sur le net ? Des idées discutables ... des livres... « ouvrables ».

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    Merci, Saint Paul, de ce message pour Andé.

    Je ne vais pas jouer les censeurs alors que mon intention est de te dire combien j'apprécie le travail (solitaire ?!) auquel tu viens de te livrer.

    Si tu veux bien, j'insisterais sur deux points : le 5 ème alinéa de ta note et l'après Andé.

    1.- Comme toi, il me semble très important de distinguer le système de prise de décision et l'effet induit dans le système. J'irais peut-être un peu plus loin pour consommer cette césure Si les système sur lesquels on opère ne sont pas complexes, c'est-à-dire qu'on peut, avec un peu de souffrance, les mettre à plat et rationnellement les analyser, alors les méthodes élaborées depuis la recherche opérationnelle sont à notre disposition pour fournir des solutions tout à fait respectables. Il n'est du reste peut-être pas inutile qu'in en rappelle les grandes formes.

    Mais si nous parlons de décision systémique, c'est parce que le contexte a fondamentalement changé : nous avons affaire à des systèmes complexes pour lesquels des solutions (au sens stricte) de son pas accessible à l'échelle de notre vie humaine, qui s'inscrivent à la fois dans la diachronie et dans la synchronie et dans lesquels l'homme semble totalement impliqué dans sa responsabilité et dans les effets produits par ces systèmes. Il ne s'agit donc plus de comment décider, banalement, mais comment me comporter dans mes actions immédiates et micros pour qu'elles entraînent de condition favorable à un développement de système qui m'inclus et dont je ne puis assurer la maîtrise. La décision systémique est alors, pour moi, le « quoi faire aujourd'hui ? » pour que demain commence en moi une transformation qui me permette de mieux comprendre la complexité du système sur lequel je veux agir et qui m'inclut déjà.

    Je pense à un exemple actuel. Le soldat a laissé l'arme blanche pour l'arma à feu. Les chars ont protégé les fantassin dans les progressions difficiles. Le soldat US type est aujourd'hui bardé d'un équipement électronique dont la limite est semble-t-il sa capacité de le porter ... Bien que l'équipent puisse être miniaturisé, que faire à la limite, car celui d'en face fait aussi des progrès !!L'étape suivante n'est-elle pas la création d'une race d'humanïde !.. Malheureusement le militaire reste dans la logique de la recherche opérationnelle et il produira des clones ! (Que voulez-vous qu'il fît ? qu'il mourût ou qu'un beau désespoir , alors le secourût. - Racine, non ?) La décision systémique serait celle qui conduit dans l'action quotidienne de créer les conditions d'une transformation du sujet. Voilà pourquoi je tenais à saluer ce 5 ème alinéa.

    2.- Il me semble qu'il ne faudrait pas manquer de conclure ce Moulin d'Andé II par la nécessité d'envisager le triptyque : un Moulin d'Andé III. Après avoir dépassé ce qui aurais pu être ; la décision systémique comme réponse à la violence, o, en arriverait à regarder et prendre en compte cette violence comme l'interrogation clé de notre temps ; Qui parle, que me veulent-ils , quelle demande ? Et au lieu de chercher à faire taire trouver dans mon action quotidienne les conditions d'une transformation personnelle qui me permettre d'être à l'écoute, autrement qu'à travers une idéologie managériale (« n'a-t-on pas parlé il y a déjà un certain temps de « l'entreprise à l'écoute » » ?!!) Voilà peut)être un Moulin d'Andé III pour lequel le ne saurais, encore poser le maître mot ...

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    J'avoue attendre beaucoup de John Griggiths et tu as bien fait de laisser du temps derrière cette décision politique où la diacjronie et la synchronie , prises en compte, apporte beaucoup à l'attribut "systémique". Aussi, j'espère, qu'après le déjeuner, nous verrons cette décision dans l'entreprise prendre une autre dimension que celle que lui inflige, actuellement, l'idéologie du management. Encore une fois mille fois merci, ton collègue et ami,

Pierre Marchand.


Pierre Marchand, automne 2000 ; édition du 28 octobre 2002.