L'exposé suivant concerne le processus de conception d'une Bd sur le thème de l'évolution. Il s'agit d'une approche intuitive voire naïve réalisée par un auteur avant tout amateur. A l'origine de ce projet : Un désir interne d'exprimer une idée. La vraie nature de l'esprit, qui est d'être une idée, et l'idée de quelque chose du vrai rapport avec le corps, qui est précisément l'objet de cette idée ». Spinoza – Philosophie pratique (Gilles Deleuze). Mais au-delà de ce désir interne, si l'on observe l'objet BD en soi, il n'est ni un livre, ni un film et il n'existe que par et pour un ensemble de lecteurs dont la propriété est qu'ils ne sont pour l'instant ni classés, ni catégorisés autrement que par ordre alphabétique (par auteur). La Bd est aujourd'hui qualifiée de média populaire et elle est peu reconnue par le système médiatique en place. Pour illustrer cette non-reconnaissance, nous pouvons remarquer que le « temps médiatique » consacré à cet « art » n'est pas en rapport avec le nombre de lecteurs. Ces éléments externes ont renforcés mon désir interne du fait que l'impulsion créatrice allait pouvoir garder une expression relativement libre en structure et en contenu par rapport à d'autres médias. * * Dans un premier temps, le thème choisi visait à traiter de la question suivante : « Qu'est ce que l'évolution ? » mais dans un second pas avec (après) ré-flexion, l'auteur amateur a trouvé plus adéquat de proposer à son lecteur un parcours activant chez lui (en lui) et par lui une re-connaissance d'un processus de transformation qui l'anime L'idée est que l'évolution est un processus qui nous anime, qui relie des éléments, des êtres entre eux dans une dualité stabilité changement impliquant des niveaux d'organisations reconnus (comme étant) de plus en plus complexes Le troisième pas repose sur l'espace ou l'objet à faire reconnaître au lecteur. Le projet de l'auteur est bien de faire reconnaître le lien indéfinissable entre le Un et le plusieurs. Reconnaître cet « entre » est une entreprise fort délicate qui repose sur une série d'indices que le lecteur recompose lui-même pour créer du sens. Pour concrétiser cette idée, la rendre plus visible par le lecteur, l'auteur a simplement posé qu'il existe a-priori un processus de la vie qui fabrique au cours du récit ( .un chemin) du plus ou du moins Humain. Il s'agit donc d'un récit orienté par une intention ou d'une histoire qui va dans le sens de plus d'Homme (Ethique du comportement). Créer ou faire émerger un sens orienté dans l'interaction auteur/lecteur est bien l'objet de ce récit. Plus concrètement, à la source se trouve l'idée de montrer « l'évolution » comme une sorte de processus s'inscrivant (pour le lecteur-auteur / l'auteur-lecteur) entre (au moins) trois pôles rendus visible et explicite : l'Homme, la Nature et la Technologie. Le choix de ces trois grandes catégories a été réalisé en raison de leurs aspects reconnaissables à notre époque par le plus grand nombre (du plus jeune au plus vieux).
Avant le passage à la planche à dessin, beaucoup de directions différentes ont été explorées. D'emblée, il semblait nécessaire d'observer l'évolution des visions du monde dans différentes disciplines de l'art et de la science pour consolider le scénario. L'idée de mettre en perspective ces différentes visions a très vite généré une quantité d'information qui devenait inutilisable pratiquement étant donné la finitude du support et il a été nécessaire d'opérer une simplification (ou un sacrifice) en oubliant plus ou moins consciemment beaucoup d'aspects de l'évolution des idées de l'humain sur différents plans au cours de l'histoire. Ce qui reste se pose comme une sorte de mythe, un récit qui comporte le lieu d'où l'on vient, les comportements à adopter en référence à un héros. Celui-ci qui permet à chacun de se positionner lorsque se déroule un conflit ou une situation imprévue. En fait il s'agit de donner des indices pour reconnaître un mouvement d'ensemble qui existe aussi entre les aspects politiques, techniques et géographique. Le mythe identifie, nomme et représente des émotions pour dire quelque chose sur nous même, il fait sentir un mouvement dans une sorte de dualité. En ce qui concerne le processus de conception du scénario, je vais en montrer seulement quelques aspects. Le mode d'expression passe par la forme du dessin, la couleur, les objets choisis, les angles de vus. Le processus de l'évolution se déploie au fur et à mesure du récit au travers d'une série d'événement indices, rendus visibles à l'aide de grilles de lecture qui devrait amener le lecteur à s'interroger ou à reconnaître un mouvement. Bien que la conception tienne plutôt de la recette de cuisine, il est néanmoins possible de déceler quelques notions et attracteurs et des axes autour desquels l'histoire se déploie. Les notions
Les attracteurs
- Un axe d'échelle pouvant se déployer du micro au macro au travers des environnements (spatiaux interne ou externe) ou des espèces, par exemple de l'insecte à l'éléphant. -
Un axe perceptif qui fonctionne à l'aide d'une série d'indice, par exemple la
créature homme voit la terre au travers d'un satellite. Ou l'aigle voit la
nature du sommet d'une montagne. - Un axe transformation ou cycle qui montre par exemple la transformation de l'eau (glace, neige, eau,..). Cet axe porte aussi des indices de mouvements entre ordre et désordre. * * Les objets et les situations sont porteurs de signification, mais le guide reste le parcours à épreuves. Il semble nécessaire d'exprimer une sorte de rythme, une combinaison très subtile d'éléments, ..Il est bien question d'un dosage tout comme un peintre qui combine ses couleurs il s'agit dans un premier mouvement du temps (humain subjectif) propre, de sensations et d'émotions corporelles à laisser s'exprimer librement. édition du 24 octobre 2002. |