Première réflexion sur la mise en place d'un groupe AFSCET

Un questionnement préalable.

    S'autoriser à vouloir fonder une groupe au sein de l'AFSCET c'est peut-être d'abord se poser un style de question : « quelle préoccupation pour notre temps ? »

    Ceci renvoie, aujourd'hui, au souci premier de l'activité au sens large. Q 'elle soit vécue ou recherchée, l'activité apparaît comme le moyen de lutte contre une certaine angoisse de notre temps. On ne considère pas cette angoisse comme anormale mais plutôt mis exagérément en exergue par les discours ambiants. C'est donc tout naturellement que l'on cherche, en particulier, à écouter les autres (sans le dire) dans l'espoir réconfortant qu'eux aussi sont aux prises avec les mêmes difficultés. L'expérience, propre à chacun, se charge de faire comprendre que le « sacro-saint environnement » bouscule les premiers élans d'un besoin de s'investir, souvent généreux certes, mais quelque peu naïfs. Mais, heureusement, c'est aussi dans ce sillage difficultueux qu'on apprend à mettre la « distance nécessaire » et que s'acquiert la maîtrise. Au fond, cela pourrait expliquer pourquoi on est à la fois des condamnés à l'altruisme et des forcenés de l'égoïsme? C'est peut-être ce paradoxe des attitudes observét nos participants qui constituent ces tendances souvent bien différentes de ce que le discours dominant impose et qui se reproduisent dans bien des conférences! « chaque homme entre dans un processus de création qu'il reprend à son compte » (Serge Moscovici). Rêver de faire vivre ces gens de tout poil, ensemble et pendant une heure ou deux, c'est développer, chez eux, une préférence nouvelle, ou étrange, dans le cycle de leurs occupations habituelles.

Une proposition.

    Comment passionner de jeunes hommes qui ont le « nez sur le guidon » dix heures par jour et/ou qui dans le même temps « grimpe » Sisyphe, quotidiennement, pour chercher du travail ?. Est-on bien sûrs de nos formules : exposés techniques et pointus, conférences magistrales, discussions sur des sujets dits « porteurs », travaux en sous-commissions et rapports ? oui, dans la mesure où ces discours sont « incarnés »!..

    Au risque d'offenser, c'est sur le mode des « confessions » que doivent intervenir nos invités afin qu'ils fassent partager leur cheminement au milieu des satisfactions, déplaisirs, errements ou rationalisés. En un mot, un contexte d'homme pour son activité et non l'inverse, le corps et l'esprit, si l'on préfère..

    Le mode des « confessions » peut faire sourire pour des gens dits « sérieux » mais il n'est pas nouveau. Ce pourrait être, pour les intervenants, une « séquence inhabituelle » de leurs propos, ouvrant précisément le champ d'accueil possible pour nos participants. Dans ce jeu d'interactions en miroir, chacun peut se dire : « je fus meilleur que cet homme-là » (J.J.Rousseau) aussi, rencontrer : « ...une pensée de charité, une pensée d'humilité et peut-être aussi une pensée d'apologie personnelle » (Saint Augustin)

Régénération systémique.

    S'interroger sur les problèmes de notre temps, certes, mais pas au point d'en oublier la critique de sa propre instrumentation !. C'est la raison pour laquelle le titre de ce nouveau groupe, créé au sein de l'AFSCET régénérée, est volontairement ambigu et récursif. Il s'agit d'y inscrire, dans une même dynamique, sa problématique et son éthique.

    Qui ne s'est pas intéressé, peu ou prou, à Tchernobyl, aux conflits mondiaux, aux manipulations génétiques, au casse-tête de la santé, aux angoisses du chômage, au fonctionnement toujours décevant des institutions, à l'évolution des moeurs ébranlant les convictions des uns et désespérant les aspirations des autres ? ... Autant de problèmes que nous appelons pudiquement complexes, sortes de samizdats quotidiens, témoignages lancinants de ces ruptures successives, oeuvres de la dégradation ou entropie (voir la vie des entreprises).

    Qui n'a pas eu la curiosité d'écouter le discours sur le bien-être du dernier prix Nobel d'économie, Amartya SEN; ce bien-être qui n'est peut-être pas lié uniquement au critère de Pareto (« un état social défini comme optimal si et seulement s'il est impossible d'accroître l'utilité d'une personne sans réduire celle d'une autre ».) ? Alors, le principe de variété négociée ne serait-il pas l'antidote d'une pensée unique ? et le besoin des indigents ne serait-il fait que de « pain » ? (quid des besoins du S.I. pour l'entreprise?)

    Qu'avons-nous appris du savetier, de sa capacité à produire pour son temps ce qui aidait ses congénères à vivre. Sans doute savait-il communiquer à son arpète, et d'un seul tenant, un savoir-faire et le contexte approprié. De cela nous n'avons retenu, semble-t-il, que le mot « recette ». Or, l'apprentissage « amoureux » de l'autre, ne passe-t-il pas, désormais, par le simple et difficile « savoir dire ce que l'on sait faire » ?

    Moisson de questionnement pour un groupe plus échangiste que « constructiviste », plus parlant de ses expériences qu'écoutant « l'élite parole », plus tenté par le chemin incertain que par la carte ou le menu, plus efficient finalement puisque sont réunies, en permanence, les conditions de sa praxis. Gardons à l'esprit le dire de Serge Moscovici : « chaque homme entre dans un processus de création qu'il reprend à son compte ».

L'apprentissage de la régénération.

    S'interroger sur les problèmes de son temps, certes, mais pas au point d'en oublier la critique permanente de sa propre démarche! C'est la raison pour laquelle ce nouveau groupe, par delà le discours idéologique du changement, va chercher à distinguer la réalité du principe d'entropie et à élaborer des conduites appropriées.

    Point n'est besoin d'un « niveau intellectuel requis » pour aborder un savoir éthique plus acquis à la sagesse qu'à la raison : « comment doit-on vivre ? » par exemple. Car ce groupe, nourri d'expériences sensibles et révélées, doit permettre à chacun de s'enrichir des éléments qui lui apparaissent nécessaires à l'évolution de sa pratique.

    Qui ne s'est pas intéressé, peu ou prou, à Tchernobyl, aux conflits mondiaux, aux manipulations génétiques, au casse-tête de la santé, aux angoisses du chômage, au fonctionnement des institutions, à l'évolution des moeurs ..? Autant de problèmes appelés, pudiquement, complexes, sortes de samizdats qui témoignent de la dégradation des domaines en question, comment ?

    Qui n'a pas eu la curiosité d'écouter le discours sur le bien-être du dernier prix Nobel d'économie : Amartya Sen ? Bien-être de l'homo economicus qui, même dans le plus grand dénuement, n'a peut-être pas seulement besoin de pain mais de considération... L'universel critère de Pareto serait, alors, réducteur : « un état social défini comme optimal si et seulement s'il est impossible d'accroître l'utilité d'une personne sans réduire celle d'une autre » ? Le principe de variété négociée pourrait-il être l'antidote d'une pensée unique ? Le besoin serait-il plus une « machine désirante » qu'un produit étiqueté ?

    Qu'avons-nous appris du savetier : autre chose qu'une « recette » ? Lui dont la vrai compétence était d'aider ses congénères à vivre mieux et à communiquer, en même temps, à son arpète, un savoir-faire éthique. L'apprentissage « amoureux » de Max Pagès n'est-il pas un au delà du savoir faire : c'est-à-dire : un « savoir dire ce que l'on sait faire » ?

    Moisson de questionnements pour un groupe plus échangiste que potache, plus parlant qu'écoutant « l'élite parole », plus tenté par la trace que par la carte, car :: Chaque homme entre dans un processus de création qu'il reprend (ou non ! ) à son compte (Serge Moscovici).

    Réflexions en vrac, déjà préparées pour la 1ère réunion du 5 mai, à partager avec ceux qui le voudront bien sur : articuler le « groupe» et « afscet-café » ?

1.- Tout d'abord une logistique, pour la vie d'un groupe ouvert à des « non convaincus » qui ne peuvent nous stimuler...

    Le groupe se repère, trouve ses marques. quelle cadence de RDV ? tous les mois et demi - le mercredi en fin d'apès midi semble admis, pour le moment ! temps de la « réunion » - 18h30 - 20h30 ? Qualités demandées au lieu de RDV (relation /Patron - le coin - consommation ... accès bus, métro, sur la ligne d'une gare SNCF ...)?

2.- Tracer d'un cadre organisationnel du groupe.

    Un nom : « afscet-café » ou autre ... Idée d'un forum mais aussi d'un groupe au sens traditionnel...!!! Comment concilier au départ ces deux perspectives qui n'en feront peut-être qu'une ...? Idée de la constitution d'un réseau d'information (documentation, internet et autre ... Nécessité d'un couple d'animateurs représentant, hic et nunc, la présence institutionnelle du groupe AFSCET et aménageant deux temps pour les participants :

    * le temps réservé aux informations du groupe et à sa réflexion sur son propre développement - dates des réunions - informations du conseil AFFSCET - repérage des problématiques actuelles et personnelles - état d'avancement des « travaux » ou « action commune » du groupe (voir plus bas).

    * le temps consacré à l'ouverture d'un espace d'échange où les animateurs
- relancent un précédant débat, font état d'une ou de demandes formulées, proposent un thème de discussion.
- donnent le cas échéant le point de vue d'une « approche régénérative ».
- maintiennent, occasionnellement, un équivalent de temps d'intervention entre les participants.

3.- Quelques « points triggers » pour le démarrage du groupe.

    * Comment atteindre l'intérêt personnel, la problématique personnelle de chacun ?
- exposé de thèmes, de forme d'art, d'idées du bien être ...de projet personnel
- paradoxes et contradictions actuelles qui se révèlent à soi ...
* Envie de faire ou participer à un changement (communautaire?).
* En partant de l'idée que ce groupe fonctionne comme un système ouvert et qui a donc besoin d'être traversé par une variété de flux (confrontation avec les autres ...), réalisant cette fonction néguentropique du modèle d'organisation.. Néguentropie ou :
- capacité d'étonnement de chacun, communicable au tiers
- initiative et changement, reçus, pour l'évolution du groupe
- information du groupe par drainage extérieur (internet - lectures - grosse tête - compte rendu- témoignages ...)
* Le SI du groupe = web??
* Action thérapeutique du groupe par l'exercice de la pluridisciplinarité
- extension de chaque discipline par la confrontation au problème posé
- abstraction de cette « extension » comme seule partie pouvant être négociée,
- cette partie négociée devient commune et du même coup représente la base d'une nouvelle combinatoire de solutions possibles, différente de ce que chaque discipline aurait pu apporter
- ne pas oublier que ces extensions négociées n'appartiennent plus aux disciplines reconnues. C'est précisément à cause de cette rupture, souvent difficilement acceptable ou supportable, qu'il y a production donc émergence d'un quelque chose qui pousse à l'action (consommation d'un passage à l'acte par la mort). Cette suite de passage à l'acte, constitue un devenir où se convoquent des éléments de réponses qui éloignent progressivement d'une situation actuelle proprement insoutenable, irrecevable.
* VIE / MORT espace où seule l'action semble témoigner d'une dynamique qu'on réduit au mot vie. C'est dans cet espace que ce groupe peut être reconnu vivant.- Toujours sollicité par le cercle vicieux des reproductions où la fuite en avant de quelque « folie ».
Existence du groupe par reconnaissance, mais de quoi ?
==> d'un résultat qui serait son produit ... (récursivité)
Résultat d'un travail qui donne lieu à une production qui, elle-même transforme ses acteurs.
* Objectif, finalité -
Comment introduire cette « dynamique de l'entropie » (horrible juxtaposition!) qui pourrait, au moins aujourd'hui, amoindrir cette tendance qui nous fait chercher refuge dans un fonctionnalisme aux objectifs en forme de diktats, mais vient au combien calmer notre angoisses en dépit des contraintes qu'il impose.( plus il y a de moyens de communication plus on semble être l'objet de sollicitation à communiquer ...)
* Technologie, l'outil.
Je SI : « nécessaire mais pas suffisant »
le « qualitatif / quantitatif »
« le geste et la parole » A. Lerroi-gourhan

4.- Essai de contenu

    Etablir pour un concept, le changement ou bien encore le travail, des exemples qui engage la valeur « actionnable » du concept (un concept = un ouvre boîte), c'est-à-dire sa capacité à interroger le site où il est question de ce concept.
- quels sont les éléments des dires
- quelles théories ? -références
- qu'apporte et que dit la perspective systémique
Ces éléments seraient de nature à fonder des interventions en «JOURNEE AFSCET »

5.- Quelques aspects PROJET - un exemple :

    * Faire venir Amartya SEN
- introduire une démarche systèmique d'approche globale des système dans l'économique.
- pour une journée en lui ménageant deux ou trois autres conférence ailleurs
- s'appuyer sur l'attaché culturel de l'ambassade d'Inde en France, sur l'IAE, sur de grandes entreprises, sur quelques corps d'état.
- un an de préparation, montage publicité
- évaluation de ce que ça coûterait : intervention proprement dite - transport, logement - salles réception etc publication - organisation
- groupe de traduction d'articles fondamentaux
- critiques - travail du groupe
- bibliographie (voir aussi l'apport du stock MCX)

Sur quel thème orientons-nous la prochaine réunion ? -

    Suite sur la pluridisciplinarité (travail-production-transformation- praxis) ?, sur un sous ensemble de ce champ ? sur un autre thème fédérateur ? SVP, adressez moi dix ou quinze lignes sur notre échange du 5 mai dernier. Merci.


Pierre Marchand, 1999 ; édition du 25 octobre 2002.