De l'autopoïese à la neurophénoménologie, en hommage à Fransisco Varela.
18, 19 et 20 Juin 2004, La Sorbonne.

   
Il est unanimement admis depuis la "coupure cartésienne" de la science moderne de la nature que la situation, et encore plus la subjectivité, de celui qui connaît, doivent être soustraits du produit fini de la connaissance. C'est ce que Horkheimer et Adorno appellent "le Sacrifice du moi". Cette méthode, qui reste hautement fructueuse, laisse cependant subsister des points aveugles : le "problème difficile" de la conscience, la différence entre raisons et causes, le conflit entre liberté et détermination, ou encore la dialectique engagement-distanciation typique du paradigme quantique. Le but de la journée sera d'examiner deux de ces points aveugles, celui qui concerne la philosophie de l'esprit et celui qui concerne la philosophie de la physique moderne. Des palliatifs à l'exclusion du situé seront cherchés. Des stratégies d'articulations entre le situé et l'invariant (comme celle de la neurophénoménologie) seront généralisées.

Comme prévu, le le colloque a tourné autour des interventions d'Alan Wallace, philosophe de la physique, philosophe de l'esprit, directeur de l'Institut de Santa-Barbara (Californie, USA) pour l'étude interdisciplinaire de la conscience (par des méthodes en première et en troisième personne). Parmi les ouvrages, nombreux, d'Alan Wallace, on retiendra Choosing reality, Snow Lion, 1989, autour de la physique contemporaine, et The Taboo of Subjectivity: Toward a New Science of Consciousness, Oxford University Press, 2000, autour de la conscience. Dans l'un et l'autre de ces livres (ainsi que dans le projet du Santa Barbara Institute), une part non-négligeable de l'attention est accordée à l'apport des méthodes contemplatives dans les descriptions en première personne de l'expérience.

Et un écho de Pierre
Le Colloque international, "Hommage à Francisco Varela" vient de se dérouler durant trois jours dans l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne. Ainsi, l'occasion nous a été donnée de stimuler grandement nos neurones , d'être chaleureusement accueilli à l'Ambassade du Chili, le premier soir, d'être très profondément ému par la projection , en avant première, d'un film de Franz Reichle, réalisateur suisse - sortie en octobre - sur Francisco Varela: "A chilean biologist who was interested in the biological roots of cognitive phenomena", dans son milieu natal et dans celui de chercheur international (Illich, Von Foerster, le MIT, la cooptation du CREA , J.P. Dupuy ...), de rencontrer aussi une dizaine de nos amis d'Afscet-Café pour échanger ... autour de quelque "coffeebreak or lunch". L'ésotérisme du titre du Colloque: "De l'autopoiese à la neurophénoménologie" et la langue, très officiellement pratiquée, plus américaine qu'anglaise, n'ont semble-t-il pas empêché la très généreuse et géniale patience développée par Francisco de transcender le halo des initiés, une cinquantaine peut-être sur quatre cents présents, pour ravir les autres, au hasard de leur résonance intentionnelle propre. Il nous a semblé aussi, gage d'une certaine communauté d'idées, que la suite variée des exposés avait laissé apparaître, chez les auteurs, la marque (le sceau ?) d'une rencontre personnelle avec Francisco. Rencontre, certes, toute autre qu'avec un leader ou un patron, rencontre, plutôt, avec un "passeur" qui, à l'autre bout de la "Passerelle" leur a fait signe (et peut-être fait sens!) au hasard d'une lecture approfondie, d'un contact fortuit ou volontaire, d'une piste explorée conjointement avec lui ou bien encore d'une action initialisée dans les pas de sa démarche de l'instant (retour du M I T en 1990 et expériences de Rodney Brooks). Chacun a pu être interpellé, bousculé même, par une exigence qui renvoit à "Autonomie et connaissance" et à "L'inscription corporelle de l'esprit" La trace du film n'est par une injonction à l'imitation mais "un savoir pour l'éthique" comme l'exprime William I. Thomson :

You make your way without walking,
and it is I who now must trace,
caminante, your light footsteps,
in the foam between sand and sea.

Amicalement

Le quintette, juin 2004.